Née le 18 janvier 1912 à Toulon, Esther Poggio est l’aînée d’une famille d’émigrés italiens de cinq enfants. Ses parents possédant une petite propriété maraîchère au Pont-de-Suve, Esther est revendeuse de fruits et légumes aux halles de Toulon. En 1942 suite à plusieurs infractions sur leurs activités marchandes, ses parents sont expulsés vers l’Italie et s’installent à Menton, alors sous occupation italienne. Restée à Toulon, Esther Poggio continue de gérer le commerce avec sa sœur Mireille avant de partir à leur tour pour Menton rejoindre leurs parents en novembre 1942.
C’est à ce moment qu’Esther intègre le réseau belgo-britannique Reims-Jenny-Coty à Monaco, réalisant des missions d’agent de renseignement et de liaison sous le pseudonyme de « La Marquise » entre Grenoble et Menton, notamment pour la Résistance monégasque et son chef René Borghini également secrétaire de la présidence du Conseil national de Monaco. Mais le 7 juillet 1944 suite à une trahison, elle est arrêtée par les Allemands et emprisonnée à la maison d’arrêt de Nice où elle est interrogée.
Le 15 août 1944, le jour même du débarquement de Provence, elle est transportée en camion avec 21 autres Résistants sélectionnés par le Sipo-SD de Nice, dont René Borghini et Robert de Lattre, le cousin du général de Lattre de Tassigny. Débarqués dans un terrain vague du quartier de l’Ariane au nord-est de Nice, le long du fleuve Paillon, les détenus sont abattus par rafales de pistolets-mitrailleurs les uns après les autres au fur et à mesure de leur descente du camion.
Elle sera déclarée « Mort pour la France » et décorée à titre posthume de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la résistance en tant que sous-lieutenant FFI. Le 13 octobre 1956, les halles municipales de Toulon sont rebaptisées en son honneur.